En décembre 2022, le groupe de construction et de concessions français Eiffage a pris de participation de 75 % dans l’entreprise Sun’R, composée de Sun’R (développement et la production d’énergie solaire), de Sun’Agri (agrivoltaïsme dynamique) et de Volterres (fourniture d’électricité verte en circuit court). pv magazine France s’est entretenu avec Olivier Mercou, directeur d’activité chez Sun’R, et Alexis Bouanani, directeur de Volterres, pour discuter de ce qu’apporte cette intégration et plus largement du mouvement de concentration sur le marché du photovoltaïque.
Article original de Gwenaëlle DEBOUTTE publié le 25/01/2023 dans pvmagazine.
Qu’apporte concrètement l’arrivée de Eiffage comme actionnaire majoritaire de Sun’R ?
Olivier Mercou, directeur d’activité chez Sun’R : Sun’R n’était au départ pas particulièrement demandeur de cette intégration, car nous avions effectué une levée de fonds en 2021 pour nous permettre de financer notre développement. Mais la rencontre avec les équipes de Eiffage, avec qui nous partageons des objectifs et des valeurs communs, nous a convaincus que ce nouvel actionnaire nous apporterait une capacité d’investissement accrue, pour nous permettre d’accélérer la commercialisation de nos services et infrastructures à plus grande échelle.
En effet, Sun’R est connu depuis 2007 pour être une petite société trè s innovante, que ce soit dans le photovoltaïque, l’agrivoltaïsme, les marchés de l’énergie… Mais progressivement, nous nous retrouvons en concurrence avec des énergéticiens de grandes tailles et leur assise financière rassure les clients, surtout dans le contexte de crise énergétique que nous vivons. Désormais, avec l’arrivée d’Eiffage, nous disposons des deux aspects : culture de l’innovation et agilité, mais aussi sécurité financière.
Alexis Bouanani, directeur de Volterres : Pour le fournisseur d’électricité que nous sommes, l’année 2022 a été très fébrile, en raison de la grande volatilité sur les marchés de l’énergie. Bien que nous soyons confiants dans notre stratégie et dans notre solidité, certains clients pouvaient avoir des réticences à s’adresser à un petit acteur, du fait des risques de défaillances. Grâce aux moyens supérieurs dont dispose Eiffage, cette crainte ne se pose plus.
On assiste aujourd’hui à un mouvement de concentration, avec des acteurs rachetés par des groupes plus grands ou par des fonds d’investissement (GreenYellow/Ardian, Albioma/KKR)… Doit-on en déduire qu’il devient difficile de progresser sur le marché français quand on est un petit développeur ?
Olivier Mercou : Ce mouvement est une tendance naturelle, étant donné que le métier est encore très jeune. Cela ne signifie pas pour autant qu’il y aura une diminution du nombre d’acteurs, car il y a parallèlement de nombreux nouveaux entrants étrangers attirés par la croissance du marché français.
Mais il est vrai que la taille critique des entreprises augmente, non seulement parce que notre activité devient plus capitalistique, mais surtout car elle devient plus technique. C’est cette technicité qui entraîne un besoin de concentration du marché. Auparavant, le travail de développeur photovoltaïque consistait surtout à faire de la sécurisation de foncier. Aujourd’hui, la question primordiale pour nos clients est de savoir ce qu’ils vont faire des électrons produits. Le discours s’élargit donc vers l’efficacité énergétique, les marchés de l’énergie, les modèles d’affaires… Il devient donc indispensable de disposer d’une plus large palette de compétences et de talents.
Alexis Bouanani : Jusqu’à présent, la connaissance des marchés et le photovoltaïque étaient deux mondes qui se parlaient peu. Aujourd’hui, à la faveur de la crise énergétique, il existe un besoin de convergence chez les clients, particuliers comme professionnels. De plus en plus, les développeurs doivent donc pouvoir parler d’autoconsommation, d’efficacité énergétique, de PPA (contrat direct d’achat d’électricité) et de tout ce que cela implique au niveau de l’Arenh, des garanties d’origine ou encore des CEE (certificats d’économies d’énergie). Grâce à la prise de participation d’Eiffage, nous disposons d’une synergie à 360° car chacune de nos entités apporte ses propres spécialisations : la production d’énergie solaire pour Sun’R, l’adaptation de l’agriculture au changement climatique pour Sun’Agri, et la fourniture d’électricité verte et locale pour Volterres sont totalement complémentaires du savoir-faire industriel d’Eiffage (génie civil, métal, énergie systèmes, efficacité énergétique). Rappelons également que Eiffage est aussi le troisième EPCiste dans le photovoltaïque en Europe.
Comment se passe aujourd’hui le processus d’intégration ?
Alexis Bouanani : En dépit d’une importante différence de taille [ndlr, Eiffage emploie environ 72 000 personnes], l’intégration se passe de façon naturelle et fluide. Il faut dire que Eiffage est un groupe à l’organisation décentralisée, avec des bureaux en régions très autonomes ce qui permet un accès plus direct. Par ailleurs, nous partageons des valeurs communes. Ainsi, Eiffage, via sa filiale Concessions, possède notamment des actifs dans les aéroports, les ports, les autoroutes… et se place donc dans une vision à très long terme de son activité.
Olivier Mercou : Sun’R a vocation à devenir la plateforme EnR d’Eiffage, ce qui lui permet d’accélérer son développement dans les énergies renouvelables. Avec plus de 500 MWc de solaire photovoltaïque installés dans le monde en 2019 dont 50 MWc en France par Eiffage Énergie Systèmes, le groupe disposait déjà une petite équipe d’une dizaine de personnes dans le développement photovoltaïque, qui a été intégrée aux effectifs de Sun’R, qui compte une trentaine de collaborateurs. Nous avons un rythme de croissance soutenu et devrions être une cinquantaine d’ici à la fin de l’année. Au niveau du groupe Sun’R, l’objectif est de passer de 120 personnes actuellement à 180 fin 2023.
Il est important de préciser que Sun’R conserve son indépendance, en particulier managériale, d’autant que chacune des entités possède son propre foncier à développer. Sun’R possède aujourd’hui un portefeuille de 300 MW de projets en développement et nous continuons à travailler avec nos partenaires et sous-traitants actuels.
Retrouvez l’article original dans pvmagazine.
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